Armement français: le cas du Rafale de Dassault
Depuis son premier vol en 1991, le Rafale a toujours été considéré par les spécialistes comme l’avion de chasse le plus abouti techniquement. Il ne s’était pourtant jamais vendu à l’export avant 2015, et ce pour deux raisons: le prix élevé et l’aspect politique, avec des clients qui privilégiaient leurs partenaires militaires historique. Mais les temps ont changé et 2015 a été une année phare pour le Rafale, pour Dassault Aviation et pour l’exportation d’armement français.
Les 16 milliards d’euros de commandes enregistrés en 2015 par la France constitue un record. En 2014, la France avait exporté pour deux fois moins, 8 milliards d’euros, un chiffre déjà en progression de 17,3% par rapport à 2013. Un succès dû, en partie, à Dassault et à la vente de ses 48 avions de combat Rafales à l’Égypte et au Qatar. Depuis la signature des contrats, l’avionneur devrait passer, d’ici 2018, de un à trois appareils produits par mois, un changement permis par des centaines de recrutements constituant la conséquence la plus tangible pour les Français. Les armements vendus sont d’ailleurs en moyenne produits à 90% en France, des produits qui nécessitent une haute technologie rendant impossible la délocalisation de l’activité. La production du rafale devrait ainsi créer au total 40 000 postes, selon le cabinet de Jean-Yves le Drian. Dès lors, le nombre d’emplois dans l’industrie de défense française passerait progressivement de 165 000 à plus de 200 000, d’ici 2018.
La stratégie commerciale de Dassault Aviation est fortement liée aux fluctuations des sphères géopolitiques et économiques. Ainsi son activité civile a baissé en 2015 avec 45 jets d’affaires vendus, contre 90 en 2014. L‘avionneur subit le ralentissement de la croissance de ses acheteurs potentiels : les pays émergeants comme la Russie, le Brésil ou la Chine. Au contraire, le militaire se porte bien, la vente des Rafales représente pour le groupe Dassault près de 10 milliards d’euros de recettes, étalées sur quatre années.
Cette réussite peut s’expliquer par différents facteurs, notamment celui de la montée en gamme. Par exemple, le Brésil a préféré acheter des avions suédois, moins chers, car ce pays n’a pas d’ennemi et donc, pas d’occasion d’utiliser ce matériel, qui a une fonction dissuasive dans la région.
En revanche, la première région cliente des armes françaises est le proche et moyen-Orient, la région la plus marquée par la guerre, durant la dernière décennie. Avec plus de 13 milliards d’euros de commandes le Moyen-Orient est suivi de loin par l’Asie avec 1,5 Mds. Avec ces résultats en 2015, la France se classe à la troisième place des exportateurs d’armes, derrière les États-Unis et à quasi-égalité avec la Russie. Ce changement constitue un renouveau sur la scène militaire internationale et la crédibilité du pays est accrue dans la région du Moyen-Orient. L’armement étant un facteur d’influence important, la France possède donc un atout supplémentaire pour jouer les premiers rôles dans cette zone, ne reste plus qu’à la diplomatie de suivre.